La face cachée de Boy Niang 2, racontée par ses parents de Sambé et Thiès

Mamadou Ngom dit Boy Niang 2 est un champion qui a écrit sa petite histoire dans le milieu de la lutte sénégalaise. Demactu a mené une enquête sur lui, en remonant l’histoire de ses parents de Sambé (Diourbel) et de Thiès.

Sambé à Diourbel, village de son père De Gaulle

Le village de Sambé se situe à 7 kilomètres de Diourbel (centre du pays), sur la route de la ville sainte de Touba. Il est difficile d’y trouver quelqu’un pour bien expliquer l’origine réelle de ce bourg. Le vieux Diomaye Sène était le gardien de l’histoire traditionnelle pour en expliquer un peu. Mais pour lui, pas question de raconter tout le secret du village à des personnes étrangères. La raison ? C’est que Sambé prend très au sérieux les combats de son petit-fils. On s’était rabattu sur un jeune instituteur de 30 ans du nom de Bara Sène. Celui-ci, lunettes bien ajustées, drapé dans un très joli blazer noir, avait déjà mené ses propres enquêtes. Il peut dévoiler son village : «Dans un très profond passé, nos arrières grands-parents voyageaient pour découvrir un endroit qui leur convenait. Ils ont fini par s’installer dans ce bled. Les premiers hommes qui se sont installés dans ce patelin avaient comme patronymes Niakh. On parle ainsi de Niakhène». C’est un arrière-petit-fils, Diockel Niakh, qui a fini par transformer ce nom de famille. Les Niakh deviennent ainsi les Sène. Toutefois, la localité connaît aujourd’hui d’autres noms de famille : Mbengue, Ngom, Diagne, Faye, Gaye…

L’acte de naissance de ce bourg, juché dans le Baol, date d’environ d’un siècle et demi. Son fondateur s’appelait Sembi Niakh. Celui-ci est originaire du village de Niakhène Cadior, dans la région de Thiès (centre du pays). À Sambé Niakhène, il n’y a pas de quartier. Il est habité par environ 1000 personnes et connaît seulement 15 concessions. L’agriculture est l’activité principale du village. Côté sport, le football et la lutte sont les disciplines les plus pratiquées.

Gayane Ngom est le père de De Gaulle, qui est le papa de Boy Niang 2. Ce Gayane Ngom est originaire de Sambé. Ce grand-père paternel de Boy Niang 2 était un cuisinier moderne. Il travaillait avec des blancs aux Almadies (à Dakar). Après, il s’était définitivement installé à Keur Massar (banlieue de Dakar). Voilà pourquoi son fils De Gaulle n’est pas né à Sambé;

Petit-fils d’un «Waliou» (Saint homme) de la Tarikha Khadriya

La mère de Boy Niang est née à Thiès, à Bayal Thioudia Badiane. Elle est la fille d’El Hadj Samba Doucoumane bou Cheikh Yérim Ndoumbane. Anna Ndiaye, mère de Boy Niang 2, est issue d’une famille maraboutique de la «Tarikha Khadriya» (confrérie au Sénégal). Feu Boy Niang et un cousin d’Anna Ndiaye, mère de Boy Niang. Niangha Sène est la maman d’Anna Ndiaye. Codou Sène, celle de feu Boy Niang. Ce qui illustre que leurs deux mamans sont des sœurs de mêmes ascendants.

«Lors des combats de Boy Niang 2, on n’est jamais stressé. Mieux, tout Thiès se lève comme un seul homme pour prier pour la victoire de Boy Niang 2. On ne néglige rien sur le plan mystique. On va dans des coins et recoins du Sénégal pour recueillir des prières pour qu’il se tire d’affaire», rassure l’oncle Ibrahima Niang, visiblement prêt à disserter des heures sur son neveu ou sa cousine Anna Ndiaye.

«Nous comptons beaucoup sur notre grand marabout Serigne Mama Sougou pour ses prières. Nous rassurons tous les inconditionnels de Boy Niang 2. Qu’ils soient tranquilles. Nous sommes confiants pour le reste de sa carrière. Nous n’avons pas peur. Parce que nous avons confiance en Boy Niang 2. Il est technique, courageux et fort dans la bagarre», ajoute notre interlocuteur, toujours très à l’aise dans son discours.

Lorsqu’il avait 7 ans, Boy Niang 1 prédisait qu’il serait un grand champion

Boy Niang 2 prend le nom de son oncle qui fût un vrai Lion. Dans la famille de Boy Niang à Thiès, une chose est sûre. «Nous ne craignons aucun lutteur grâce à notre défunt frère Boy Niang 1. Ce dernier fut un vrai lion. Le prochain adversaire de Reug Reug a tout hérité de son homonyme Boy Niang 1, dont il est le sosie. Ils offrent un même visage. Ils ont le même talent. Et partagent le même courage», témoignent tous les membres de la famille Niang que l’on a interrogés à ce sujet.

«Boy Niang 1 a été le premier à prédire que son homonyme serait un grand champion. Il a fait cette prédiction lorsque Boy Niang 2 avait 7 ans», révèle Ibrahima Niang.

Le seul combat du fils de De Gaulle qui a ébranlé la famille Niang de Thiès, c’était lors de sa sortie contre Garga. «On avait eu un peu peur. Parce que Garga était un jeune lutteur qui avait de la force. Sinon, pour ses autres combats, on n’a jamais eu peur. Boy Niang 2 venait ici en vacances. On a noté chez lui la discipline et le courage d’un vrai champion. Aussi, il écoute les conseils. Il a un beau physique», affirment les cousins et cousines du chef de file de l’école Boy Niang.

Oncle maternel de Boy Niang 2, Cheikh Adama Niang estime que feu Boy Niang a donné «sa» sœur en mariage à De Gaulle. «On lui a donné la fille d’un grand marabout», fait-il savoir. Selon ce Cheikh : «Boy Niang 1 dèmna, wayé dafa dikate» (NDLR : Boy Niang 1 est décédé mais il est bien avec nous grâce à son homonyme). C’est pourquoi, dans son touss (chorégraphie), Boy Niang 2 dit : «tèy nguène dé, Boy Niang nieuwna, tèy nguène dé».

Par Abdoulaye DEMBELE

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