Grande figure de la lutte à Dalifort, Kao Gourdin fait partie des espoirs sûrs de demain pour la lutte. Vainqueur de Thiatou Daouda Fall qu’il a infligé sa première défaite de sa carrière, le pensionnaire de l’écurie Dalifort Mbollo a tout de même perdu sa dernière sortie devant Bulldozer, le 23 décembre dernier, à l’arène nationale. C’est cet enfant de Dalifort que « Ramadan des arènes » accueille aujourd’hui, à l’occasion de son 20ème numéro. Son cri de cœur dans l’arène, les assurances que les lutteurs achètent sans savoir la nécessité.
Comment passez-vous votre journée de jeûne ?
« Je passe la journée tranquillement. Après le petit-déjeuner de (Kheud), je prie, après je pars au travail. Car je fais de la confection. Je ne manque pas les heures de prières. À l’heure de la descente, je rentre à la maison préparer la rupture. La nuit, je suis avec mes amis autour du thé jusqu’à une certaine heure. C’est comme ça que je passe ma journée. »
Est-il dur d’allier le jeûne et le travail ?
« C’est difficile pour dire vrai. Rester toute une journée sans manger ni boire, c’est évident que cela soit fatigant. En plus de cela, j’y ajoute les entraînements. C’est après la coupure du jeûne que je pars aux entraînements. Mais c’est dur quand même. »
Quel est le moment le plus dur de la journée ?
« Le moment le plus difficile pour moi, c’est entre 17h et 19h. Je vis mal cette période. Je la supporte difficilement. »
Quels bienfaits du ramadan connaissez-vous ?
« Les bienfaits du ramadan ? Même en dehors du ramadan, le respect des 5 prières est une obligation à fortiori durant ce mois béni. Mais c’est un mois de promotion, un mois de bonus. C’est un mois qui doit permettre à tout musulman de se sentir bonifié à sa fin. »
Depuis quand commencez-vous à jeûner ?
« J’ai démarré le jeûne depuis tout petit. J’ai été éduqué avec ça. Depuis très jeune, je le fais jusqu’à présent. »
Une anecdote que vous ne parvenez pas à oublier ?
« J’ai une histoire avec le worou galé. Mais je pense que tout jeune a eu une histoire avec cela. Je me rappelle un jour, lorsque j’étais jeune, alors que j’avais jeûné, lors de mon réveil, je suis parti directement boire de l’eau tout en oubliant que j’avais jeûné. Je n’oublie jamais ces moments. »
Comment trouvez-vous le comportement des Sénégalais durant le ramadan ?
« Le comportement des Sénégalais se justifie, c’est grâce aux bienfaits du mois qu’ils changent d’attitude. Le ramadan est un mois qui peut changer à jamais une personne. Le malheur est que les anciennes habitudes reviennent avant même la fin du mois. À une semaine de la Korité, nous revoyons les comportements inappropriés. Ce retour aux mauvaises habitudes n’est pas digne d’un musulman. Nous devons rester dans la bonne voie pour toute l’année. »
Quelle est votre préférence : lire ou écouter le coran ?
« Que ce soit durant le ramadan ou pas, j’écoute toujours le coran. J’écoute aussi les chants religieux. Je suis un disciple de la Tarikha Tidiane. Mon guide est El Hadji Malick Sy. Quand j’ai le temps, je lis le coran. »
Parlons de l’arène. Quel est votre cri de cœur pour elle ?
« Ce que je regrette dans l’arène, c’est le favoritisme qui je trouve gangrène la lutte. Il y a trop de parties prises dans l’arène. Et le CNG a une part de responsabilité sur cela. Les ponctions sur les cachets des lutteurs nous pénalisent. Et nous ne savons pas où cet argent va. Nous payons une assurance sans savoir pourquoi nous le faisons. Je ne sais pas ce que cette assurance me sert. Ce sont des choses qui ne me plaisent pas dans l’arène. »
Êtes-vous satisfait ou pas de l’évolution de la lutte ?
« La lutte a posé des grands pas. Elle a bien évolué, il faut le reconnaître. Avant, s’il y avait cinq promoteurs aujourd’hui, on a une vingtaine de promoteurs. Ainsi, nous les invitons à élargir les choses pour que tous les lutteurs puissent en bénéficier. Il y a beaucoup d’écuries et beaucoup de lutteurs. Donc, nous avons besoin des promoteurs pour qu’il y ait encore plus de combats. »
La guerre des promoteurs est-elle une bonne chose pour la lutte?
« La guerre des promoteurs ne participe pas au développement général de la lutte. Elle arrange certes une partie. Mais la grande majorité n’en trouve pas son compte. Seuls certains promoteurs et leurs lutteurs en profitent. En effet, dans l’arène, il y a des promoteurs qui ont leurs propres lutteurs, ils leur trouvent des combats et la grande masse est ainsi oubliée. Nous qui n’avons pas de promoteurs, nous payons les pots cassés. C’est pourquoi je dis que cette guerre n’arrange pas tout le monde. Notre souhait, c’est que les promoteurs se retrouvent et qu’ils travaillent pour tous les pugilistes. »